Critères généraux des dialectes picards

Critères généraux des dialectes picards :

Picardie, Nord Pas-de-Calais et Hainaut belge.

Le Wallon proprement dit (Charleroi, Liège, Ardennes) est différent.

Appellation

A l’origine les nordistes ne s’appelaient pas eux mêmes ch’tis. L’expression pourrait venir de l’armée et dater des années 1900. Les soldats de Nord- Picardie auraient été nommés ainsi par leurs compagnons. En fait ce sont surtout les Picards (Amiens-Abbeville) qui prononcent beaucoup de Che.

Chti est une onomatopée qui ne voulait pas dire grand-chose isolément.

Chti qui.. = celui qui.., Chti chi = celui-ci, Chti là = celui là , Ch’é ti = C’est toi

Généralités

Il s’agit d’un dialecte d’oïl (par opposition aux langues d’oc) avec un peu plus de mots ou tournures germaniques venant des Francs que dans le français ordinaire.

Ex : wette (ou erwette) = regarde, correspond au verbe français guetter

Guette (ou maguette, ou djette) = chèvre à rapprocher de l’allemand Geisse et de l’anglais goat

L’adjectif est très souvent avant le nom, ce qui subsiste (et restera) dans les noms de lieux. Ex : blanc four, blanche porte, malcense (mauvaise ferme)

Ce dialecte est parfois plus proche du latin que n’est le français moderne.

Ex : poule se dit « glaine » du latin gallina

Autre ex : dans le « ent » de la conjugaison à la 3è personne du pluriel, le t se prononce encore dans la plupart des régions « i prenn’t » (ils prennent)

« i jeut’t » (ils jouent), « i cantot’t » (ils chantaient)

Consonnes chuintantes

La consonne Q du latin est fréquemment devenue CH en français, mais subsiste en picard (notée C , Q , Qu) ou est devenue TCH

Catus est resté cat

Cadere (tomber) a donné choir en français, devenu querre ou tcherre en picard.

Lille –Valenciennes retiennent généralement Q, Roubaix-Tourcoing TCH en admettant parfois les deux (Quien ou Tchin = chien)

C’est la consonne S (ç) qui se prononce fréquemment CH ( ch’é mi = c’est moi)

Influence flamande

Elle est faible, bien que les flamands aient été très nombreux de 1850 à 1914.

Les immigrés abandonnaient leur langue pour le patois, pas pour le français.

rares exemples : Wassingue = serpillière, Kron = tordu, Kotche = débarras ou buanderie (se dit plutôt « carin » en dehors de Roubaix-Tourcoing).

Même « metchenne » (servante) vient de l’ancien français « mesquine »

Variantes

Des variantes de vocabulaire ou de prononciation- voir « précisions complémentaires » - existent partout.

Un chansonnier lillois resté célèbre, François Cottignies (1678-1740) dit « Brùle Maison », a consacré une partie de son œuvre à se moquer des Tourquennois pour leur langue différente et leurs manières campagnardes (voit texte en page annexe).

Il y a différents choix d’orthographe. Celui adopté ici est un compromis entre la phonétique et l’analogie avec le mot français voisin.

Parmi les poètes patoisants citons :

Alexandre Derousseaux (Lille 1820-1892) auteur du célèbre « Petit quinquin »

Jules Mousseron (Denain 1868-1943) auteur de Cafougnette

Jules Watteeuw dit le Broutteux (Tourcoing 1849-1947) auteur de pasquilles (historiettes), chansons et pièces de théâtre, actif surtout entre 1875 et 1900.

Léopold Simons (Lille 1901-1979) surtout connu par ses émissions radiodiffusées avec sa comparse Line Darriel.

Raoul de Godewaersvelde (1928-1977) de son vrai nom Francis Delbarre. Vedette du groupe « les Capenoules » fondé en 1966.

Capenoule veut dire coquin ou brigand, dans un sens affectueux. On peut entendre la voix de Raoul chantant le p’tit Quinquin sur l’une des pages suivantes.

Les poètes patoisants cherchent souvent à restituer un parler en recul donc un peu archaïsant.

Comme partout les parlers régionaux s’atténuent et il ne subsiste que des mots, tournures ou proverbes chez les jeunes. Entretenir ces expressions est un hommage au passé.


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